Le suicide, 2
Pour
aborder le suicide, il faut être au clair avec le sens de la mort.
L’humain est, parait-il, le seul animal à avoir conscience de sa mort ; ce
qui reste à prouver, mais ne divaguons
pas.
La conscience de la mort, SA mort, est assez relative
d’ailleurs, puisqu’une écrasante majorité de gens disent « Si je
meurs ». Ce qui, au sens grammatical, relève de l’hypothèse et non d’une
certitude.
La conscience que l’on a de mourir est là pour nous inciter à remplir au mieux possible le laps
de temps qui la sépare de la naissance. Elle devient donc le point d’orgue de
sa vie. En quelque sorte la mention « Lu et approuvé » et la
signature de sa vie.
Mais quel est le sens de sa vie ?
Puisqu’il s’agit de donner mon avis, autant que je précise quelques menues
broutilles :
- Je crois avoir déjà exprimé mon anticléricalisme. En fait, il n’est pas
réservé à la seule religion catholique et son Führer. Je suis totalement
areligieux. Quelles qu’elles soient, elles ont toutes pour but d’asservir
l’humain au profit de quelques « élus ». Sectes ou religions, je n’y
vois aucune différence.
- Cette position me permet de développer une spiritualité libre, sans tabous ni
carcans.
- Pour avoir la faculté de pouvoir toucher les auras, et quelques fois de les
voir, je sais qu’il existe une autre dimension à l’être de chair. De ce fait,
je crois en l’existence de l’âme (toute autre appellation reste possible).
- La nature recycle tout. Du cosmos à l’atome, tout est réutilisé, sans
exception. Pourquoi donc en serait-il autrement avec l’âme ?
Je suis donc intellectuellement convaincu de la réincarnation. Et la vie prend ainsi une dimension nouvelle. On vit ses vies comme une scolarité un peu
particulière.
Je suis là, depuis la deuxième moitié du 20e Siècle pour apprendre, pour prendre, pour donner et pour
transmettre ; comme quiconque ou n’importe qui.
On apprend souvent à coup de pieds dans le cul. Les opportunités que l’on n’a
pas voulu saisir deviennent des obligations parfois douloureuses. A force de ne
pas vouloir du plat que la vie te présente, tu finis par devoir le manger
avarié….
On se retrouve parfois en face de situations insurmontables, du moins, les
voyons nous comme telles.
Le suicide devient une échappatoire temporaire.
Lorsqu’on échoue à l’examen de fin d’année scolaire, il faut refaire l’année
avant de poursuivre sa scolarité. Le suicide est un refus d’aller jusqu’à
l’examen. Il annule cette vie par forfait. La même situation reviendra au
prochain tour, jusqu’à enfin affronter le problème de face.
Les raisons de se suicider sont pourtant bien
diverses :
- La désespérance (et l’endoctrinement) des kamikazés.
- La peur de la déchéance physique de Romain Gary.
- Celle psychique de Pauline Julien, chanteuse atteinte d’Alzheimer.
- Celle de Treiber d’assumer ses actes.
- Le suicide des « Oranges stressées » est une forme pernicieuse
d’assassinat. Les restructurations faites par Lombard avaient pour but de
déstructurer les individus, les réduire à l’état de serpillières pour les
rendre encore plus corvéables. Les suicides devenaient donc prévisibles, voir
même certains. France Télécom a masqué les autres problèmes : quantité
d’autres entreprises ont provoqué des suicides. Même, semble-t-il le Pool
emploi y est confronté. Mais là, l’employeur ne désire pas de publicité,
et comme c’est lui qui pourrait diligenter une enquête judiciaire…..
Cà reste néanmoins un refus d’affronter un problème social majeur. Lutter ici
et maintenant pour éviter d’aller de reculades en renoncements, jusqu’à
l’impasse fatale.
Ces suicides doivent alerter ceux qui sont encore en état de dire non.
Il vaut mieux se trouver aujourd’hui au chômage et en bon état psychique, que
d’y être dans trois mois, réduit à l’état de loque par un DRH imbécile ou
sadique. Voir d’en arriver à se défenestrer.
Toutes ces raisons tiennent soit au paraître, soit à l’avoir. La déchéance
psychique est un peu particulière, puisqu’elle touche aussi l’être, et la peur
de devenir une charge pour la famille.
Mais cette
famille, ne doit-elle pas justement apprendre à donner, à servir ? Devenu
dépendant, n’est-on pas l’instrument d’une évolution pour ses proches ?
N’est-ce pas aussi une façon d’émousser l’orgueil ?
Pour moi, le suicide n’est pas une question de lâcheté ou de courage. Je le
vois comme un problème de désespoir et de peur. L’impression d’une impasse.
S’il fallait l’envisager pour moi, je dirais
DEFINITIVEMENT INCONCEVABLE.
J’espère juste avoir la grâce et le courage de pouvoir vivre consciemment, et
le plus tard possible, ma mort naturelle. Et
en attendant, je reste avide de croquer la vie, même lorsqu’elle n’est pas
cadeau….
Avec le saut à l’élastique, le suicide est une des rares choses que je
n’expérimenterai pas.
Blutch.